Après Polyeucte (1878), Gounod se mesure une dernière fois à l'opéra en 1881 avec son ouvrage sans doute le plus ambitieux : Le tribut de Zamora. L'action se passe au IXe siècle en Espagne et notamment, à partir de l'acte II, dans "un site pittoresque sur les rives de l'Oued El Kédir devant Cordoue". Occasion est donnée à Gounod - qu'on connaissait finalement mieux pour ses pastiches néoclassiques (Le médecin malgré lui et Cinq-mars) et son romantisme ardent (Faust et Roméo et Juliette) - de démontrer son talent d'orchestrateur et de coloriste dans un sujet exotique. Il livre un péplum dans la tradition du grand opéra français, avec force, morceaux d'ensemble et airs démonstratifs. Malgré un succès sans équivoque lors de sa création, malgré l'entêtant hymne national "Debout ! Enfants de l'Ibérie", Le tribut de Zamora sombra dans l'oubli en quelques décennies à peine. On appréciera précisément dans cet opéra ce que lui reprochèrent certains détracteurs : le lyrisme irrésistible de Faust et de Roméo et Juliette.
Classica nº 208 p.82 du 14/12/2018, noté 5/5