Dans cet apogée de la musique polyphonique vocale qu'est le 16e siècle, Roland de Lassus (1532 - 1594) occupe une place de choix. Sa renommée est telle quà trente-quatre ans, sa biographie paraît déjà sous la plume de Samuel Quickelberg : dès 1560, celui-ci souligne l'adéquation entre musique et paroles chez le « plus que divin Orlande », comme le désignait Ronsard. Mais outre sa maîtrise du langage polyphonique, ce qui caractérise le compositeur est assurément son aisance dans tous les styles, profane ou sacré, sérieux ou léger. Son impressionnante production ne relève toutefois que du seul domaine vocal, ce qui reflète une conception de la musique longtemps cloisonnée et hiérarchisée. Mais le luth est un instrument exceptionnel et nombreux sont ses atouts : maniable, facilement transportable, permettant de jouer seul de la musique à plusieurs voix, il accompagne le chant ou se coule aisément dans des ensembles. Grâce à ses capacités polyphoniques, le luth peut globaliser les voix présentées en livrets séparés dans les éditions vocales. Instrument de synthèse musicale, le luth oeuvre au développement de la musique instrumentale. A la renaissance, la musique de luth est tripartite : musiques de danse, mises en tablature d'oeuvres vocales polyphoniques et oeuvres libres (fantaisies ou ricercars) souvent basées sur les mêmes règles contrapuntiques que la musique vocale. Le présent récital illustre ces différents genres.
Diapason nº 732 p.91 du 29/03/2024, noté 5/5
Classica nº 261 p.85 du 10/04/2024, noté 5/5