C'est peu dire qu'en vingt ans, Gaëlle, Mathieu et Thomas ont un peu tout fait, tout parcouru, contaminant de leur belle folie les petites et les grandes scènes d'Europe et d'ailleurs. Toujours en débord de la scène pop française, qui lui doit beaucoup, le trio normand s'était fait plus rare depuis trois ans et la fin de leur tournée Comicolor, ciné-concert joué plus d'une centaine de fois. Il était temps, après tout, de souffler un peu. De penser à la suite et se replonger dans l'éternelle question : comment garder la capacité à se perdre dans son propre monde quand on l'a si souvent emprunté ? Comment conserver la candeur de son art après vingt ans d'activisme passionné ? Pour réinvestir cette ingénierie foutraque, cet art du joyeux chaos qui ont fait leur signature, les Gablé ont pris du temps. Deux ans de composition et la contribution de camarades de jeux, parmi lesquels le tourangeau Funken. Sorte d'osthéoprothésiste sonore équipé de boîtes à rythmes, de synthétiseurs modulaires et d'un esprit de bidouille sans égal, il a, comme sur Jolly Trouble, apporté de nouvelles couleurs à la palette sonore du groupe. Et le résultat est à la hauteur du travail entrepris.
Magic nº 81 p.0 du 08/02/2024, noté 4/6