Si Pierrick et Gonzalo ne s'étaient jamais parlés avant de poser leurs mains sur leurs instruments dans un studio New-Yorkais, on sent tout de suite à l'écoute du disque à quel point l'entente fut immédiate et la symbiose profonde. Et qu'en voyageant ensemble dans la musique, une amitié sincère est née. Intitulé sobrement Pédron Rubalcaba, l'album raconte l'essentiel : l'histoire d'une rencontre au sommet. Comme point de départ, une fine sélection par Pierrick Pédron et Daniel Yvinec de "grands standards exigeants traversant le XXème siècle", arrangés par Laurent Courthaliac. Inspiré par son érudition du bop ainsi que l'école de Nadia Boulanger et avec un profond respect pour le jeu de Gonzalo Rubalcaba, Laurent s'est attelé à "écrire les plus beaux accords pour les plus belles mains". Le disque, composé de grands instants de bravoure où les traits survolent avec une maestria évidente les partitions écrites, se permet de grandes cassures, touchant aux musiques romantiques, contemporaines, parfois même bruitistes. Dans cet art du duo, Pierrick et Gonzalo s'interpellent, se provoquent, se jaugent, s'amusent à se surprendre et cherchent à se surpasser l'un l'autre. Deux musiciens qui osent tout et pour qui tout semble se faire si aisément, s'aventurent ensemble dans la musique qui se trouve derrière les notes. On se laisse emporter par la maîtrise des résonances du piano, des souffles enrobant les notes, par les bruits de clés du saxophone, les chants impromptus de Gonzalo... Une "méta-musique" qui, mariée à cette permanente et enivrante virtuosité, en magnifie toute la poésie.
Télérama nº 3818 p.54 du 15/03/2023, noté 4/4
Jazz Magazine nº 757 p.53 du 28/02/2023, noté 1/4