'Bengue', vu du Sud, c'est le Nord. A lui seul, ce mot qu'on entend souvent en Afrique de l'ouest est synonyme d'Europe, et évoque les migrations qui ont porté les pas de ceux qui y cherchaient une vie meilleure. C'est à eux, et à leurs enfants de culture métissée, afropéens, que voulait rendre hommage Fidel Fourneyron, qui n'aime rien tant que faire voyager le jazz en le mariant aux musiques qui défient les oreilles d'ici, et aiguisent son appétit. C'est ainsi qu'il avait déjà arpenté, avec son gang d'amis jazzmen, les chemins de la santeria cubaine, incarnée par d'incroyables percussionnistes Havanais, sur l'excellent Que Vola ? (No Format, 2019). Cette fois ci, à l'invitation du festival Jazz sous les Pommiers où il poursuit une longue résidence, il allait se frotter aux musiques d'Afrique de l'Ouest, dans le même esprit de rencontre, de goût pour les croisements. L'idée : proposer à de jeunes et chevronné.e.s auteur.trice.s de la diaspora afro-caribéenne d'écrire des textes sur la migration, les exils, et faire entendre d'autres mots que ceux que les politiques européens exploitent comme autant de bombes à retardement. Lui se chargerait de les mettre en musique, avec pour renfort des musiciens originaires d'ici et d'ailleurs, prêts à dialoguer dans une joyeuse curiosité.
Télérama nº 3823 p.53 du 19/04/2023, noté 3/4
Jazz Magazine nº 758 p.63 du 28/03/2023