Ce disque, Julien Daïan nous le raconte comme il raconte la vie, comme il se raconte la musique : en une suite de récits mélodiques dont le style narratif n'appartient qu'à lui, visuel, itératif, référentiel et dont le verbe syncopé découpe puis compile en un patchwork (un cut up?) unique les histoires qui lui tiennent à coeur, des histoires de coeur. On y reconnaît sa patte singulière, des mélodies directes et efficaces, des morceaux plan-séquence qui s'enchaînent comme autant de visions d'un univers complexe et la volonté d'emporter l'auditeur, au dance floor comme à la fenêtre d'un bus Greyhound. C'est aussi le disque de celui qui n'avait pas tout dit, parce qu'il n'avait pas fini de vivre. C'est le disque de celui qui accueille la richesse de ses expériences et de ceux qui l'entourent et lâche les rênes du jazz, du son, et de la joie. Le trublion revient. Cette fois, il est détendu.
Jazz Magazine nº 738 p.73 du 04/06/2021
Sélection FIP de Juin 2021