L'écoute de ce chapitre fondateur de l'héritage musical du premier trio de Myra Melford, huit ans après sa création, suscite l'émotion. Ce sont de beaux souvenirs de rencontres personnelles entre Melford, Lindsey Horner et Reggie Nicholson, et on éprouve de la satisfaction quant aux idées formulées ici par Melford, en tant que pianiste et compositrice, qui ont annoncé le triomphe ultérieur de sa musique. Ce qui manque, c'est l'incertitude de celui ou celle qui contemple le passé récent, cette sensation d'avoir besoin de plus de temps pour prendre la pleine mesure d'une affirmation musicale. Par la clarté de ces interprétations désormais historiques - et des efforts qui ont suivi, Melford a rendu aisée la tâche d'entendre les présentes oeuvres comme une sublime fin en soi, et comme fondement de ses créations actuelles.