Ce quatrième album studio du groupe de Toronto montre que le trio n'avait pas l'intention de se reposer sur ses lauriers ni de stagner. Leurs premiers enregistrements s'inscrivaient aussi bien dans l'énergie de la scène hardcore du début des années 90 que dans les riffs à la The Heat ou AmRep sans jamais tomber dans la pâle copie de leurs aînés. Difficile à étiqueter, la musique élaborée par le guitariste et chanteur Alex Edkins, le batteur Hayden Menzies et le bassiste Chris Slorach a évolué de façon naturelle et graduelle, poussant toujours plus loin l'exploration sonique à grand renfort de batteries possédées, de lignes de basse percutantes et de riffs de guitares à se mettre les doigts en sang. Chacun des titres d'Atlas vending se présente comme un instantané de la condition moderne qui nous oppresse, formant un ensemble musical et narratif indissociable. Ces dix nouveaux morceaux abordent des thèmes plus matures tels que la parenté, l'anxiété sociale, l'addiction, l'isolement, la paranoïa médiatique ou encore la pulsion persistante de vouloir tout plaquer, tout laisser derrière soi. Alors que sur ses albums précédents, Metz s'était épanoui dans une sorte d'acharnement abrasif et brutal, le trio se lance ici sur une pente plus patiente et personnelle. En résulte un album au son massif et complexe, renforcé par la co-production de l'inclassable Ben Greenberg (Uniform).

Inrockuptibles nº 1297 p.47 du 08/10/2020
New Noise nº 54 p.134 du 29/09/2020, noté 9/10