En 2011, le violoncelliste avant-gardiste Gaspar Claus emmène son père Pedro Soler, référence de l'âge d'or de la guitare flamenco, à New York. Tous les deux y enregistrent Barlande, un disque lumineux de flamenco. Vient ensuite Al viento, ébauché en terres islandaises, au studio Greenhouse en compagnie de Valgeir Sigurosson, puis terminé en Espagne avec Didier Richard. Se choisissant comme sainte patronne le personnage de la Petenera, les deux contrebandiers convient à leur fête sanglante le chanteur Matt Elliot à venir psalmodier sur un titre tandis que le guitariste Serge Teyssot-Gay y remet discrètement une couche de textures ombrageuses et de distorsions radioactives entre les lignes stridentes, les dissonances, percussions et glissando vertigineux que Gaspar tire d'un violoncelle hanté par les voix des plus terribles cantaores. Danses folkloriques, airs traditionnels, sont réinvestis d'un bout à l'autre de compositions plus furieuses, plus coupantes qu'il n'y paraît.
Trad Magazine nº 169 p.74 du 29/09/2016